• Sans l'oublier

    Sans l'oublier, on peut fuir ce qu'on aime.

    On peut bannir son nom de ses discours,

    Et, de l'absence implorant le secours,

    Se dérober à ce maître suprême,

    Sans l'oublier !

     

    Sans l'oublier, j'ai vu l'eau, dans sa course,

    Porter au loin la vie à d'autres fleurs ;

    Fuyant alors le gazon sans couleurs,

    J'imitai l'eau fuyant loin de la source,

    Sans l'oublier !

     

    Sans oublier une voix triste et tendre,

    Oh ! que de jours j'ai vus naître et finir !

    Je la redoute encor dans l'avenir :

    C'est une voix que l'on cesse d'entendre,

    Sans l'oublier !

     


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  • Ses purs ongles très-haut dédiant leur onyx,

    L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,

    Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix

    Que ne recueille pas de cinéraire amphore

     

    Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,

    Aboli bibelot d'inanité sonore,

    (Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx

    Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)

     

    Mais proche la croisée au nord vacante, un or

    Agonise selon peut-être le décor

    Des licornes ruant du feu contre une nixe,

     

    Elle, défunte nue en le miroir, encor

    Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe

    De scintillations sitôt le septuor.


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  • Pourvu qué ça dourre! Comme le disait une dame célèbre contemporaine de Marguerite. 

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  • Hier soir, on m'a traité de grenouille froide... Après le célèbre "Vous êtes étrange" de Volcane que dois-je penser? Un mini tsunami psychologique me menace-t-il?

    Tout bien considérer, je crois que je préfère être "un garçon étrange à la chevelure orange", la chevelure c'est juste pour la ri(fri)me!


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  • Il a parlé. Prévoyante ou légère,

    Sa voix cruelle et qui m'était si chère

    A dit ces mots qui m'atteignaient tout bas :

    "Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas !

     

    "Ne m'aimez pas si vous êtes sensible,

    "Jamais sur moi n'a plané le bonheur.

    "Je suis bizarre et peut-être inflexible ;

    "L'amour veut trop : l'amour veut tout un coeur

    "Je hais ses pleurs, sa grâce ou sa colère ;

    "Ses fers jamais n'entraveront mes pas. "

     

    Il parle ainsi, celui qui m'a su plaire...

    Qu'un peu plus tôt cette voix qui m'éclaire

    N'a-t-elle dit, moins flatteuse et moins bas :

    "Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas !

     

    "Ne m'aimez pas ! l'âme demande l'âme.

    "L'insecte ardent brille aussi près des fleurs :

    "Il éblouit, mais il n'a point de flamme ;

    "La rose a froid sous ses froides lueurs.

    "Vaine étincelle échappée à la cendre,

    "Mon sort qui brille égarerait vos pas."

     

    Il parle ainsi, lui que j'ai cru si tendre.

    Ah ! pour forcer ma raison à l'entendre,

    Il dit trop tard, ou bien il dit trop bas :

    "Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas. "


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