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  • Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

    Le navire glissant sur les gouffres amers.



    A peine les ont-ils déposés sur les planches,

    Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

    Comme des avirons traîner à côté d'eux.



    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

    Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !

    L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

    L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !



    Le Poète est semblable au prince des nuées

    Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;

    Exilé sur le sol au milieu des huées,

    Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.






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  • Les sons et les mots peuvent être musique. Pour ceux qui seraient intéressés par les références des poèmes cités intégralement ou de façon fragmentaire voire caviardés(!), voici une petite liste de mes poètes préférés qui apparaissent dans ce blog.
    • Marguerite de Navarre
    • Marceline Desmordes-Valmore
    • Charles Baudelaire
    • Charles-Marie Leconte de Lisle
    • Arthur Rimbaud
    • Victor Hugo
    • Saryû
    • Rainer Maria Rilke
    • Michel Audiard
    • Stéphane Mallarmé
    • Yosa Buson
    • Alfred de Musset
    • Paul Verlaine
    • Catulle Mendès
    Finalement, j'ai des goûts très conventionnels...


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  • Le dernier souvenir

    J'ai vécu, je suis mort. - Les yeux ouverts, je coule

    Dans l'incommensurable abîme, sans rien voir,

    Lent comme une agonie et lourd comme une foule.

     

    Inerte, blême, au fond d'un lugubre entonnoir

    Je descends d'heure en heure et d'année en année,

    À travers le Muet, l'Immobile, le Noir.

     

    Je songe, et ne sens plus. L'épreuve est terminée.

    Qu'est-ce donc que la vie ? Étais-je jeune ou vieux ?

    Soleil ! Amour ! - Rien, rien. Va, chair abandonnée !

     

    Tournoie, enfonce, va ! Le vide est dans tes yeux,

    Et l'oubli s'épaissit et t'absorbe à mesure.

    Si je rêvais ! Non, non, je suis bien mort. Tant mieux.

     

    Mais ce spectre, ce cri, cette horrible blessure ?

    Cela dut m'arriver en des temps très anciens.

    Ô nuit ! Nuit du néant, prends-moi ! - La chose est sûre :

     

    Quelqu'un m'a dévoré le coeur. Je me souviens.


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